logo
gauche
 



www.laclarenciere.be
Théâtre Littéraire Bruxelles

 

 

 

Presse

Délire à deux« Délire à deux » est une comédie délirante et absurde. Un succès de ce festival 2009.

LE PITCH
Un homme et une femme sont cloîtrés dans leur petit appartement et se font la guerre. Dix-sept ans que ça dure. Dehors aussi c'est la guerre. Mais ça ne change rien. Jusqu'à ce que la folie du dehors entre par les portes et les fenêtres. La paranoïa les guette. Lui, l’ancien séducteur en débris ressasse sans fin ses échecs et ses victoires dérisoires. Cynique et désabusé, il est vissé à son fauteuil, regrettant le temps d’avant. Elle semble vouloir se battre encore et cherche par tous les moyens à exister. Elle relance sans cesse le conflit pour attirer son attention.

L’AVIS DU FESTIVALIER
L’appartement déborde de la scène et devient la salle de spectacle toute entière. Le public se retrouve partenaire de leur histoire. Comme un visiteur discret installé dans le salon. « Délire à deux » est une comédie délirante et absurde qui décline le thème du conflit sous toutes ses formes. Le texte écrit par Eugène Ionesco concentre tout le génie de l’auteur dramatique. Mais parfois cela ne suffit à créer une pièce de qualité. Car les comédiens doivent parvenir à restituer le caractère du texte. C’est le cas ici. Dans leurs rôles respectifs, les deux comédiens (Xavier Campion er Florence Roux) se montrent convaincants. D’ailleurs les festivaliers ne s’y trompent pas, le théâtre est complet à chaque représentation.

Par Julien Ginoux | le 20/07/09

Délire à deux Guerres au dehors, guerre au dedans Par Michel VOITURIER
Publié le 16 juillet 2009

Une scène de ménage burlesque se déroule dans une maison individuelle tandis qu’à l’extérieur font rage les combats. Absurde ? Pas tant que cela.

Elle et il sont chez eux, dans un cocon d’objets hétéroclites issus de brocantes. Ils passent le temps à se chamailler. Plusieurs décennies de vie commune ont en effet éraillé un amour qui n’a jamais été bouleversant. Elle a des prétentions encyclopédiques. Il a des fatuités de raisonneur. Elle s’efforce de démontrer l’absurde. Il s’obstine à démonter une mauvaise foi qui n’a d’égale que sa faculté à ne pas reconnaître la sienne.

Les mots volent. Les acrobaties argumentaires se télescopent. Les insultes s’escriment à fleuret démoucheté. Les rancœurs, les regrets, les malentendus dressent l’inventaire d’une existence dépourvue de sens. La mesquinerie fait office de papier peint.

Alentour, les bruits crépitent. Des événements invisibles se déroulent. La guerre a envahi le quartier, la ville, peut-être le pays ou les continents. À l’intérieur, le combat continue. Les banalités de la conversation, les routines des scènes conjugales ne connaissent guère d’armistice. Le couple tourne en rond et reprend, à l’infini, ses sempiternels affrontements sans lesquels il n’existerait probablement plus.

Un repli frileux sur l’individu

À l’image du monde contemporain, le repli sur soi, le rejet des responsabilités, l’impossibilité à dialoguer surgissent des répliques d’Ionesco. Tandis que le monde s’écroule, que la terre se déglingue, les citoyens, en respectant le rituel immuable de leurs petites marottes, se crêpent le chignon devant les images fades de leurs téléviseurs.

Les phrases que l’auteur met dans la bouche de ses personnages ont des allures de répliques vaudevillesques. Elles pourraient avoir été signées Labiche. Et d’ailleurs, Florence Roux et Xavier Campion les jouent de cette façon au début. Ce qui permet à la fois une forme de réalisme et un grossissement caricatural.

L’idée du cadre intimiste se voit enrichie de celle de profiter du lieu, en ouvrant une fenêtre sur rue, preuve que, au-delà de l’étriqué du salon, une vie existe que les protagonistes se refusent de voir car leur querelle permanente est sans doute la seule façon de se sentir exister.

Michel VOITURIER, Avignon

 

Délire à deux, d’Eugène Ionesco (critique d’Élise Noiraud), Off du Festival d’Avignon 2009, Le Verbe fou à Avignon

Conflit privé

Le Verbe fou est un petit théâtre « littéraire et permanent » qui fait la part belle au texte. Chant, théâtre, contes, ici le mot est mâché, offert, partagé. À treize heures, alors que le soleil assomme la petite foule massée sur le bout de trottoir qui demeure à l’ombre, on joue « Délire à deux ». Cette pièce peu connue d’Ionesco nous invite dans l’intimité absurde d’un couple en guerre permanente. Voyage en des terres hostiles, où l’incompréhension et le désaccord règnent en maîtres absolus.

Assis sur deux fauteuils un peu miteux, ils nous attendent et nous regardent prendre place. Lui, maigrichon, peignoir doucement ringard sur débardeur sale, chaussons, pantalon de pyjama, regard vide. Elle, épaisse, robe à motif fleuri criard, bigoudis sur la tête, regard tout aussi vide. Autour d’eux, comme le ballet pesant d’un quotidien figé, des objets, laids, mal agencés, jonchent le sol. Le silence se fait, et eux commencent à se parler. De tortues. De limaçons. Débats interminables, cent fois repris, sur lesquels viennent s’échouer leurs éternels désaccords. Car ces deux-là ne sont en accord sur rien. Et si les thèmes de leurs conflits importent peu au final, la nécessité de les mener, tambour battant, front haut, semble leur être vitale. La guerre, au dehors, gronde aussi. Des bruits de grenades, d’explosions, comme un écho aux mille explosions successives qui gangrènent leur quotidien ankylosé.

Dans leurs rôles respectifs, les deux comédiens se montrent plutôt convaincants. Xavier Campion parvient à rendre touchant ce « looser » empêtré dans l’inaction, écrasé par sa femme, lui qui se serait bien vu sculpteur, ou technicien, ou juste loin, enfin, tout ce qui ne soit pas l’existence qui est la sienne. Florence Roux est parfaitement agaçante dans le rôle d’une femme frustrée et piquante, qui continue à songer à ses cheveux alors que les grenades pleuvent.

Élise Noiraud
Les Trois Coups

www.lestroiscoups.com

Délire à deux, d’Eugène Ionesco
Théâtre du Grand-Complot - Compagnie Sur le fil • 163, rue de la Victoire • 1060 Bruxelles • Belgique

+32 474 34 20 20
xavier@vertige.org
www.grandcomplot.be

 


footer
droite

réalisation: vertige